Pour tous les sauveurs de ce monde…

Êtes-vous le genre de personne qui offre abondamment son aide, qui fait tout son possible pour soutenir les autres et qui pense même que c'est son devoir quoi qu'il arrive ? Si cela vous parle particulièrement, lisez la suite ...

J'ai été élevée avec cette philosophie « d’aider à tous prix ». Ma mère est littéralement au service des autres, pourtant quand j’étais jeune, elle se plaignait aussi souvent que c'était toujours elle qui "devait" faire ceci ou cela etc ... Quand j'ai fait ma formation en coaching, j'ai eu une révélation avec une simple question qu’une des professeurs nous a posée.

Elle nous a dit : "La plupart d'entre vous avez sûrement une très bonne écoute et vous aidez probablement les gens autour de vous régulièrement. J'ai une petite question pour vous : Est-ce qu’on vous l’a demandé ?"

J'étais stupéfaite et je me suis dit : "Quoi, vous voulez dire que je n'ai pas besoin d'aider si on ne me l’a pas demandé ?" C’était incroyable ! Une toute nouvelle façon d’être s’ouvrait à moi en cet instant. Pendant 35 ans, j'était convaincue que si je pouvais aider quelqu’un, je me devais de le faire. J'étais obligée. Mais comme notre professeur l'a souligné à juste titre, de nombreuses personnes ne sont pas prêtes à être aidées ou peuvent tout simplement ne pas vouloir d'aide. De plus, « aider » quelqu'un à résoudre son problème ne lui donne pas vraiment l'autonomie de s'aider lui-même.

En fait, en aidant continuellement, on ne rend pas nécessairement service aux gens ou à soi-même. On les maintient dans une situation de dépendance où ils comptent sur nous plutôt que sur eux-mêmes. Un peu comme le dicton qui parle de donner un poisson à un homme ou de lui donner la canne pour qu’il puisse le pêcher lui même. Et nous sommes, nous aussi, dépendant d’eux en nous valorisant de l’aide abondante que nous leur apportons et que nous pensons « indispensable ». A qui cette aide est vraiment indispensable ? Le fait-on vraiment pour eux ou pour nous ?

De plus, une aide non souhaitée peut devenir extrêmement intrusive et ennuyeuse pour quelqu'un qui n'a rien demandé. N'y a-t-il rien de plus irritant que quelqu’un qui vous demande comment vous allez, qui insiste quand vous ne dites pas grand-chose et qui vous donne des conseils et vous impose son aide, alors que vous ne souhaitez pas en parler et que vous n’avez rien demandé ? De plus, nous ne comprenons peut-être pas exactement ce qui les aiderait réellement, nous pourrions penser que nous le savons (parce que nous avons tellement d'expérience !), mais le savons-nous vraiment ? Les solutions ne sont pas toujours universelles.

Être aidant est une belle qualité qui est probablement bien accueillie lorsqu’elle est recherchée, mais si on aide de manière systématique, par obligation, ou si on pousse cette qualité à l’extrême, alors les deux parties peuvent vite devenir frustrées et mécontentes et même outrées. La notion d’aide est souvent considérée comme vertueuse. Mais l'est-elle vraiment, si elle est imposée ?

Donc à tous les sauveurs d'ici-bas : Au lieu de donner votre aide à tout-va, parce "qu'il le faut" ou parce que c'est "la bonne chose à faire", faites savoir aux gens qu’elle est disponible s'ils le souhaitent, et sinon, profitez de la liberté de ne pas « devoir » aider. En agissant ainsi, vous vous aiderez peut-être vous même ! ;-)