Je n’aime pas trop me mettre dans des cases, mais je dois avouer que le terme de « slasheuse », me parle beaucoup dans la mesure où il décrit les personnes qui ont plusieurs métiers, et qui se dédient donc à plusieurs professions.
Je dis bien « dédient » parce que malheureusement, au début de ma carrière cette propension à s’intéresser à plusieurs domaines n’étaient pas vu d’un bon œil de certains employeurs et me portait parfois même préjudice. Un bon CV se voulait linéaire et logique, pas tentaculaire et insolite !
Je n’y peux rien, depuis toute petite, ma passion réside dans la diversité et la découverte. J’aime apprendre des choses nouvelles, pas forcément parce que je veux en faire une carrière mais parce que l’expérience m’exalte ! Je prends beaucoup de plaisir à découvrir et à ajouter des cordes à mon arc. J’ai fait un peu moins de 30 métiers différents dans les 30 dernières années. Certaines de ces expériences ont été courtes d’autres beaucoup plus longues. J’ai rempli parfois certains rôles par nécessité d’autres par choix mais il n’en reste pas moins que quand le « conseillé en orientation » m’avait demandé ce que je voulais faire de ma vie, j’ai eu du mal à me décider ! Choisir voulait effectivement dire renoncer et ça me paraissait bien triste de fermer autant de portes.
A l'époque on m’avait prédestinée à travailler « dans les langues » (aux vues de mes capacités dans le domaine depuis un très jeune âge) au final j’ai étudié la communication visuelle avec une spécialisation en audiovisuel car j’adorais le cinéma. Pourtant, mon premier travail à la sortie de l’université fut vendeuse dans un magasin de jeux vidéo à Lille. Domaine que j’aimais beaucoup et que je partageais avec mes amis.
De plus ayant de l’expérience en soudure (grâce à un été passé, pendant mes d’études, dans une usine Dell à souder des composants électroniques sur des cartes mère), je modifiais aussi les consoles pour pouvoir les rendre « multi-régions » au plus grand plaisir de mes collègues « mecs » qui n’en revenaient pas qu’une fille, non seulement s’y connaisse en jeux vidéo mais en plus sache trafiquer l’électronique des consoles.
Était-ce un choix conscient de carrière, pas du tout, c’était une expérience, rien de plus. D’ailleurs 6 mois plus tard je retournais en Angleterre et devenais traductrice pour un magazine de solutions de jeux vidéo. Expérience très amusante. 6 mois plus tard, les sites internet commençaient à fleurir et devenaient un must pour toute société qui se respectait. Très intriguée par cette nouvelle technologie qui permettait de construire des pages et les rendre visible à tous sur un internet en plein développement, j’appris l’HTML et je devins très vite intégratrice dans la même société. Je naviguais ce début de carrière au gré de ma curiosité qui était devenue comme un compas.
Puis j’ai suivi une série de changements professionnels assez logiques : Productrice web, webmaster, chef de projet web, puis chef de projet audiovisuel (pensant revenir aux sources de mes études). Et là je me suis essoufflée, je me suis perdue dans des activités qui ne nourrissaient plus du tout ma curiosité. J’ai même déployé et brûlé une quantité d’énergie à faire ce que les autres attendaient de moi et à remplir les besoins des autres jusqu’à un épuisement et une désillusion énorme. Je n’ai jamais été diagnostiquée comme ayant fait un burnout mais je pense malheureusement avoir flirté avec lui pendant plusieurs années.
Progressivement je suis revenue à mon cœur de Slasheuse et j’ai tenté de mieux m’orienter en me reconnectant avec des choses qui me plaisaient plus. J’adore l’anglais et ayant vécu en Angleterre 11 ans, je le parle couramment. Je me suis donc formée comme prof d’anglais, et j’ai aussi fait de la traduction. Mouais. C’était chouette de comprendre ce qui fait un bon prof mais très vite je m’en suis désintéressée, de par le côté assez répétitif. Qui aime le nouveau et la différence, apprécie peu le répétitif ! :-) Pour la traduction, idem, c’est chouette de connaître un maximum de mots, d’expression, les nuances d’une langue et culture étrangère, d’apprendre ses références, mais peut-être pas pour en faire des traductions à longueur de journée. Ne vous méprenez pas, je ne juge en aucun cas les traducteurs ou les professeurs d'anglais que j'estime beaucoup. Il semble juste que quelque chose change en moi après un certain temps et dès ce moment, je repars à la recherche de changement.
C’est le grand dilemme du ou de la Slasheur-(se) car comme il/elle s’intéresse à beaucoup de choses, il/elle a du mal à y voir clair et à comprendre ce qui vraiment lui convient professionnellement. Il/elle doit donc y aller à tâtons, et opérer en entonnoir, commencer large et faire le tri au fur et à mesure. Mes derniers choix ont été intéressants. A ma sortie du monde audiovisuel et digital, je me suis formée parallèlement en tant que voix-off et coach. Encore des apprentissages de taille et divers. J’ai exercé ces deux métiers côte à côte pendant plusieurs années avec beaucoup de plaisir puisqu’ils réintroduisaient la diversité dans ma vie. Miss météo en voix-off le matin et accompagnatrice l’après-midi ! Le pied !
Puis l’accompagnement a pris le dessus, comme une évidence. Pour la première fois de ma vie, je me sens à ma place, utile, les choses sont fluides et viennent naturellement et ça a énormément de sens pour moi. Progressivement je me suis éloignée du rôle de voix-off même si j’enregistre encore quelques fois. J’étais prête à rendre mes gants de Slasheuse, pas par résignation, juste en paix avec tout ce que j’avais pu accomplir et faire en parallèle dans ma vie. J’étais heureuse de suivre une voie plus spécifique et principale.
Et bien, malgré toutes mes bonnes intentions, figurez-vous qu’un peu malgré moi, je suis devenue professeure de Tai Chi cette année ! Slasheuse je suis, Slasheuse je reste ! Ce n’était pas du tout prévu mais cette opportunité s’est présentée à moi grâce à mon maître de plus de 15 ans ! Quel cadeau ! Je combine donc mon activité de coach et d’accompagnatrice à ce rôle plus pédagogique et physique ! Et comme par hasard je trouve ça génial !
Qu’il est bon de revêtir une multitude de casquettes, pourvu qu’elles nous aillent à merveille, et pourquoi pas en créer une belle collection ! Qu’il est bon d’apprendre encore et toujours. Qu’il est bon d’expérimenter de nouvelles choses ! Si ces mots font écho, ne vous jugez plus pour être « trop dispersé », félicitez-vous d’être si multiple, polyvalent et curieux ! Il y a une richesse immense à y gagner !
Quel bel hommage ! Je me retrouve tout à fait dans ces mots! Et je dirais qu'en bonne INFJ (profil MBTI), cela correspond tout à fait à ce besoin de trouver du sens à mon activité professionnelle, cette curiosité et cette soif de découvrir, sans rester cantonnée à 1 métier. Il est vrai qu'avant c'était très mal vu mais heureusement c'est en train de changer ! Bel article :-)